Une histoire dans le Val Terbi

Le point 530

En mai 2011, deux octogénaires de la région
racontent: “Dans la région, l’affaire du fusillé avait fait grand bruit, mais nulle allusion à la radio, encore moins dans les journaux. Début de la guerre. Un enfant de 12 ans, se balade à la Fin de Val. Il croise un défilé de véhicules militaires qui empruntent le chemin, en partie supprimé actuellement. Il menait à l’entrée du pâturage.
Il reçoit l’ordre de rentrer de suite à la maison. Des militaires voulaient s’assurer que personne ne se trouve dans les parages.
Le supplicié, un Bâlois, semble-t-il, un alémanique, c’est sûr, aurait vendu (ou donné) un secret aux Allemands, peut-être une arme secrète, genre grenade ou obus, ce qui lui aurait valu la condamnation à mort. Il a donc été passé par les armes au fond de la Fin de Val, dans le pâturage, juste avant le montée au Retemberg.
A l’aller, selon certains bruits, il était assis sur son cercueil. Un habitant de Vicques, a assisté à l’exécution, en tant qu’ordonnance d’officier.
Un “engagement patriotique quelque peu douteux”
En mai 1940, 126 officiers (dont 23 supérieurs), 31 capitaines et 72 officiers subalternes feront l’objet d’une enquête ordonnée par le général Guisan. Certains seront déférés devant un tribunal militaire, d’autres subiront des mesures particulières, pendant que des coupables passeront entre les mailles du filet.
Pendant le service actif, on a dénombré 468 délits de trahison commis par des ressortissants suisses.
Seize Suisses, tous Alémaniques et un ressortissant du Lichtenstein seront passés par les armes. La première exécution a eu lieu le 11 novembre 1942.
Parmi eux, 1 major, 1 premier-lieutenant, 1 lieutenant et 3 fourriers. Les décisions des juges semblaient parfois très dures, mais l’opinion les approuve. La trahison suscite des réactions extrêmes chez un peuple qui se sent menacé. (source: Hervé de Weck)
Mobilisé à Frutigen
le soldat Abel Roth, de Bonfol, racontait:
“Un jour, – en 1942 – j’ai dû me rendre à Berne avec d’autres soldats, une vingtaine. Notre mission: devant nous, un casque avec des billets. Il fallait en sortir un. Celui qui possédait un billet avec un numéro, s’avançait, pour faire partie d’un peloton d’exécution.
J’avais sorti un billet “blanc”, donc sans numéro. Un grand soulagement pour moi, je crois que je n’aurais jamais pu oublier cette scène” (source: Madeleine Blanchard, sa fille)
