Le Foyer du Soldat, celui de Courgenay et son étrange destin

C’est en novembre 1914, au Jura

que s’ouvrent deux Foyers du Soldat – le premier à Miécourt – grâce à l’initiative de la jeune journaliste zurichoise Else Züblin-Spiller.

1881-1948 (source: histoire vivante)

Femme au grand cœur, dynamique et pleine d’initiatives, disposant de vastes réseaux – avec l’appui de l’armée – elle verra fleurir un millier de foyers pendant la Grande Guerre, gérés par des “mères pour les soldats”, des femmes dévouées sans compter pour le bien commun.

Des lieux de rencontres comme alternative aux auberges, sans but lucratif et sans alcool.

Parfois une simple baraque

Bassecourt (archives fédérales)

Ou une chambre, aménagée en bureau

De 1914 -1918

“La Warme Stube” – ainsi nommée par les soldats suisses alémaniques – comme ici à Beurnevésin lors d’un rapport du Bataillon 59 (Source: archives fédérales)

A Courgenay, c’est un imposant bâtiment

(Collection: André Christe, Courgenay)
Dans le froid et la neige (coll. MHDP)
Des réceptions quelque peu huppées (coll. MHDP)

Et certainement des “mères pour les soldats” raccompagnées en traîneau

Devant le Restaurant du Raisin (coll. MHDP)

Route de Alle, salle de lecture

et peut-être on y fait aussi de la musique (coll. André Christe, Courgenay)

De la musique de salon

La “Poupée Joyeuse”, de Georges Boulanger 1893 – 1958 (Prima-Carezza, domaine public)

Et d’écriture

Courgenay, le 17 mars 1917 (coll. André Christe)

En remontant le temps, route de Alle…

… dans le courant des années 1905 et 1916 Madame Marguerite Frossard fait construire des bâtiments et en est propriétaire. En 1909 Marguerite vend à sa sœur Marie Leclerc la moitié de tous les immeubles. (Source: Registre foncier Delémont)

Dans ce bâtiment, une limonaderie

Collection: Olivier Clory

Tenue par Paul Frossard – un frère – que l’on appelait le gros “tchaipet”, parce que toujours coiffé d’un gros chapeau noir. Il livrait aussi de l’eau sous pression au restaurant du Raisin

des bouteilles en verre qu’on appelait des siphons (coll. G. Varrin)

Il émaillait toujours ses propos: “Elle est bonne” n’ât-ce pe” (n’est-ce pas en patois)

Année 1925: Monsieur l’abbé Charles Humair – directeur de l’Institut Saint-Charles – demeurant à Porrentruy, devenu Monseigneur Humair (mais qui séjourne au Grand Séminaire, à Soleure) devient propriétaire des lieux. (Source: Registre Foncier)

Paul Frossard quitte ses activités dans les années 1955-1956.

Georges Varrin qui fut instituteur (86 ans) raconte: “gamin, ce grand bâtiment m’impressionnait. Volets fermés et stores toujours baissés. Paul Frossard avait un frère – Alcide – qui vivait avec sa sœur Marie. Une personne de petite taille qui me paraissait bien vieille. Elle se rendait à pied tous les jeudis au marché de Porrentruy avec sa poussette en osier remplie de légumes (source: MBl)

Une poussette en osier

Source: collection Poteries de Bonfol

Non seulement des légumes, mais aussi marmites et plats à fours résistants au feu de bois. Un colportage local assuré par les femmes des potiers qui pratiquaient le porte-à-porte à l’aide de poussettes. (Mbl)

En 1961 Charles Humair vend à Tornos Machines Moutier, qui momentanément s’installe dans le garage de la maison de Gustave Montavon – papa de la Petite Gilberte – et occupe une dizaine d’ouvriers. Aujourd’hui, le garage s’est métamorphosé en salon de coiffure. (source: O. Clory)

Depuis 1998

C’est SAK Auto Kabel AG qui occupe les lieux. (Source: Registre Foncier)

En 1961, quand Tornos s’installe

c’est la destruction

de cet imposant et magnifique bâtiment (coll. MHDP)

Autrefois

route de Alle, au fond de la rue, à droite, le Foyer du soldat et ses quatre cheminées, puis la limonaderie (coll. André Christe)

A cinq minutes

du restaurant de la Gare, la Petite Gilberte s’y est certainement aussi rendue.

Aujourd’hui

Rue Adolphe-Gandon (photo Georges Varrin)

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