… A bâtons rompus avec la Marie-Louise
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Les dernières nouvelles, on les glisse dans la boîte aux lettres, une ou deux fois par semaine, franco de port pour les soldats et leurs proches
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ou dans une gare, dans le wagon postal du train, jusqu’en 2004.
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Une adresse, comme beaucoup d’autres
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Et que contient la lettre?
Certainement les dernières nouvelles…
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Alors que gronde le canon…
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…On se débrouille comme on peut
sans faire la fine-bouche
Et le Paplais
un brave citoyen de Bonfol – sieur Montavon – quelque peu éméché, a purgé six mois dans les geôles de Strasbourg – occupé à coller des fonds de cornets – pour avoir passé illégalement la frontière à Pfetterhouse en claironnant “Heil Hitler”… A son retour, amaigri, une barbe bien fournie, sa maman qui ne le reconnaissait plus: il se présente: “Mère, ton fils est de retour” (source: Mbl)
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Et “Ce Léopold”
Dix jours à Marseille? Pendant la Seconde Guerre mondiale il y avait des échanges de grands blessés entre la France et l’Allemagne. Les convois ferroviaires passaient par la Suisse et l’armée offrait ses services pour accompagner les convois. Les trains venant d’Allemagne s’arrêtaient aux environs de Genève. (Source: Hervé de Weck)
A la radio
on diffuse: “Les Cheveux de Julie sont roux”, ou bien “Les sons monotones des violons de l’automne”
Pour tout un chacun, des citations qui faisaient craindre le pire. Or, ces phrases diffusées à la BBC donnaient des directives ou des informations à un réseau de résistants qui savaient ce qu’elles signifiaient. Elles pouvaient aussi annoncer la date et le lieu d’un parachutage d’armes ou de personnes, la récupération par avion de personnalités. (Source: Hervé de Weck)
Dans la soirée… sur les Perrières…
… on frappe à la porte: un jeune Alsacien, dans la vingtaine, déserteur
Il fuit les Allemands, il ne veut pas endosser l’uniforme pour combattre sous un drapeau ennemi. La famille Wenger qui exploite la ferme au lieu-dit la Verrerie, commune de Lucelle Haut-Rhin, lui indique que la famille Roth, de Bonfol, l’accueillera.
C’est Henri Brun, d’Oberlarg, localité à une dizaine de km de Bonfol. Feintant un bûcheron, il traverse la frontière avec une adresse dans sa poche. Lors d’un contrôle, et sans un lieu précis d’accueil, la gendarmerie de l’armée ou les garde-frontières vous dirigent direction Porrentruy et parfois c’est la prison. Pour Henri tout se passe bien et il restera plus d’une année à Bonfol, à aider au train de campagne et tout ce que cela comporte.
Tel cet épisode: juin 1944, la radio annonce que les Allemands sont entrés dans Paris. Les Ajoulots sont inquiets, se sauver où s’inquiète la Marie-Louise qui devra bientôt accoucher? Et bien sûr l’Abel mobilisé à Frutigen.
Le boucher comme chauffeur
Les automobiles en état de marche sont rares au village, et c’est le Joseph Fülgraf, le boucher, qui conduit la future maman à la Clinique Mandelert, à Porrentruy. Entre-temps, le papa – l’Abel – reçoit une permission pour reconnaître l’enfant (obligatoire)
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Et le retour à la maison…
… le médecin a tout juste le temps de raccompagner ses patientes à la gare s’il le faut. Pour Marie-Louise et sa fillette, c’est le train à vapeur, le CJ qui les conduira à Bonfol. A la gare, on est attendu. Henri – le jeune Alsacien – a attelé la jument Cora au break et via les Perrières.
Une lettre de l’Henri
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Collection Roth
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Son souci…
… Son frère Jules qui avait été déporté. Jules, neuf ans plus âgé n’avait pas reçu d’ordre de mobilisation, mais comme son frère Henri avait déserté, Jules a été déporté en Russie. Libéré par les Russes, il a pu rejoindre Oberlarg. (Source: Mme Gerber, Pfetterhouse)
Et c’est en toute tranquillité qu’Henri a aussi rejoint son village. La 1re armée française, le 11 novembre, passe à l’offensive dans le Territoire de Belfort, puis en Alsace, le 2 décembre 1944. (Source: Et si la Suisse avait été envahie? 1939-1945, Hervé de Weck, Pierre Streit)
Henri qui a épousé Bernadette en 1951, est souvent revenu à Bonfol visiter la famille Roth, et bien sûr toujours … à bicyclette.
Jules – 1908-1984 – et Henri 1917-1990 – reposent au cimetière d’Oberlarg.
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Ou comme Franz Schubert 1797 – 1828
lors du dernier automne de sa vie
a aussi transmis ses sentiments profonds, parfois mélancoliques, dans sa sérénade “Lieder ohne Wort” (Source: domaine public)