Bref rappel historique
Après la défaite de la Pologne contre l’Allemagne, des combattants polonais ont réussi à gagner la France, où le gouvernement en exil rassemblait des unités armées. La 2e Division polonaise de chasseurs à pied fut chargée de défendre Belfort.
Le 19 juin 1940 le 45e Corps d’Armée français du général Daille demande à se faire interner en Suisse
après avoir affronté l’ennemi au cours de combats retardateurs meurtriers menés contre les troupes allemandes, notamment à Maîche et au Clos-du-Doubs.
Afin de ne pas faire massacrer sa division, le général Bronislaw Prugar-Ketling prend la décisions de passer en Suisse.
Dans la nuit du 19 au 20 juin, près de 13’000 soldats polonais – accompagnés par des Spahis – quelque 750 – majoritairement des cavaliers nord-africains combattant pour la France – passèrent la frontière et furent internés selon la convention de La Haye. (Source Claude Bonard Vernier/Varsovie)
La division polonaise, bien qu’intégrée au 45e corps de l’armée française du général Daille, restait toutefois sous commandement polonais dépendant directement du Gouvernement polonais du général Wladislaw Sikorski.
A Goumois…
A noter que dès 1940, le général Prugar-Ketling entretint des relations suivies et courtoises avec le général Guisan. Une estime réciproque unissant les deux officiers et en cas d’invasion de la Suisse par les forces du Reich, le commandant en chef de l’armée suisse savait pouvoir compter sur le soutien sans faille de la division polonaise internée en Suisse. (Source: Claude Bonard Vernier/Varsovie)
Les 7e et 9e régiments
Au cimetière de Soubey
pour ne pas oublier…
Ils souhaitaient reprendre le combat avec les forces alliées
Venant du camp des Enfers et au risque de leur vie – le Doubs a grossi par les fortes pluies – empruntent une barque à Lobschez et ne maîtrisant pas leur embarcation à cet endroit, partent à la dérive, en heurtant un rocher à environ 200 mètres en aval des fermes de Lobschez. On a retrouvé la barque le lendemain, tandis que les corps furent repêchés six jours après la tragédie. Quelques mois plus tard, des internés polonais érigèrent aux trois malheureux des monuments qu’ils avaient sculptés dans leur temps de loisirs. Les tombes furent nivelées, mais l’ambassade de Pologne en Suisse a souhaité maintenir les stèles en s’acquittant d’un émolument auprès de la commune de Soubey. (Source: Hervé de Weck et mairie de Soubey)
La population suisse
manifesta des sentiments empreints de sympathie et de bienveillance à l’égard des militaires polonais internés et l’on assista même à plusieurs mariages suisso-polonais.
Le rôle des Polonais internés en Suisse
ont joué un rôle significatif au profit du pays qui les accueillait, notamment dans le cadre de la mise en œuvre du plan Wahlen, qui consistait à l’extension des cultures pour assurer l’approvisionnement à la population. Ce plan doit son nom à Friedrich Traugott Wahlen, alors chef de la Division de la production agricole à l’Office fédéral.
Toutes les surfaces cultivables
même les places publiques sont vouées à l’agriculture
En effet, entre 1940 et 1945, Les Polonais effectueront 8,3 millions de jours de travail, dont 1,4 million dans le Réduit. 845 ha de marais seront drainés et asséchés, 160 ha de terrain seront nivelés et nettoyés de leurs pierriers, sans parler des travaux agricoles et forestiers où 23’000 m3 de bois de construction seront mis à disposition de notre économie.
Les Polonais construiront aussi 282 km de nouvelles routes et chemins et remettront en service de nombreuse mines de charbon désaffectées depuis la Première Guerre mondiale. (Source: Claude Bonard Vernier/Varsovie)
Bellelay
le chemin Haag – sur Béroie – territoire bernois, mais à un jet de pierre du canton du Jura
Bellelay et sa tourbe
Au mois de mars 1941, vingt-cinq personnes furent désignées pour l’extraction de la tourbe
Les Universités accueillent aussi
Au cours des années de guerre 1940/1945, les Universités suisses accueillent de nombreux “militaires-étudiants”. Quatre cent soixante-six d’entre-eux obtiendront un diplôme universitaire parmi lesquels il faut mentionner cent vingt-trois thèses de doctorat et deux doctorats et deux habilitations.
Les années ont passé, mais on se souvient
Partout en Suisse, divers monuments rappellent la présence des internés polonais: Locarno, Büren, Melchnau, Madiswil, Alpnach, Losone ou encore Saint-Blaise, pour n’en citer que quelques-uns.
Une manifestation émouvante les 17 et 18 juin 2000
… organisée par le canton du Jura, à Saignelégier
Pierre Kohler, – au nom des autorités et du peuple jurassien – a souligné que le canton du Jura a souhaité marquer – avec ses amis polonais – le 60e anniversaire de l’entrée en Suisse, et en particulier aux Franches-Montagnes.
A Varsovie, visite de travail ou de courtoisie, en 2010
est composée du chef de l’armée accompagné de l’ambassadeur de Suisse en Pologne, à l’époque M. Benedict de Cerejat, accompagné de son suppléant, M. Simon Geissbühler. D’autres officiers généraux accompagnent le commandant de corps Blattmann.
14 mai 2014
visite de travail à Varsovie du chef de l’armée, André Blattmann. Une couronne a été déposée à cette occasion sur la tombe du soldat inconnu. La photo a été prise à l’issue de la cérémonie.
20 juin 2015
Une commémoration organisée par la Communauté des descendants des internés polonais en Suisse
A Damprichard, Goumois France, Goumois Suisse et Saignelégier
Saignelégier,
Une partie officielle
et récréative avec entrain, éclat et gaieté
A Varsovie, le 18 juin 2019
l’ambassadeur de Suisse en Pologne – M. Jürg Burri – prend une nouvelle fois l’initiative de déposer une couronne au cimetière militaire de Powazki.
18 juin 2020 on a retraversé le pont de Goumois
avec des représentants de Pologne, de Suisse et de France, mais modestement, suite à la crise sanitaire.
Le Doubs, parfois bouillonnant et furieux
18 juin 2020 en Pologne
Un colloque scientifique devait être organisé à l’Université des sciences de la vie à Varsovie, avec la collaboration de l’ambassade de Suisse pour marquer le 80e anniversaire du passage de la frontière suisse de la 2e division polonaise de chasseurs à pied. Monsieur Jürg Burri, ambassadeur à renoncé en raison de l’épidémie de Covid-19. Ce colloque est reporté en 2021. En revanche, la cérémonie de pose de couronne devant les plaques rappelant la mémoire des généraux Guisan et Prugar-Ketlin aura lieu selon le protocole. (Source: Claude Bonard, Vernier/Varsovie)
La Pologne
c’est aussi un petit clin d’œil à Frédéric Chopin, de père français originaire de la Lorraine et de mère polonaise, né en 1810, à Zelazowa Wola, près de Varsovie. A cette époque, écrasés sous la botte russe, les Polonais ne rêvent que de liberté et d’indépendance. Rebelle, Chopin compose des polonaises pour les gens de la campagne, des morceaux enflammés et batailleurs.
En 1842, il compose l'”Héroïque”, avec ses sonorités de fanfare.
Chopin décède le 17 octobre 1849. Sa tombe se trouve au cimetière du Père Lachaise, le cœur de Chopin, lui, repose dans l’Eglise de la Sainte-Croix, à Varsovie.
Dix-neuf ans plus tôt, lors de son départ de Pologne, des amis lui avaient offert une coupe contenant de la terre de sa patrie. Chopin en a toujours pris soin. Au cimetière du Père Lachaise, à Paris, ses amis jettent de la terre polonaise sur son cercueil. (M.Bl. Betty Oeuvray)