HENRI GUISAN ET LES JURASSIENS
En août 1914, le Vaudois Henri Guisan commande le bataillon de fusiliers 24 formé d’Ajoulots, qu’on appelle “le bataillon de la Goutte”. Chef, sévère mais réaliste, il lutte contre l’alcoolisme, annonçant aux unités qu’il a puni de huit jours d’arrêt trois soldats rentrés en état d’ébriété, qui “ont fait honte au drapeau du 24”. Il fait défiler tous ses hommes devant lui, qui versent dans une fosse le contenu de leurs flacons! (source: Hervé de Weck)
Les soldats du bataillon de fusiliers 24 froncent le sourcil en entrant en service, dans l’été 1914. Pas seulement à cause des rumeurs de guerre. Mais quoi! Il n’y a plus d’officiers jurassiens pour commander chez nous? C’est qui, ce major vaudois qui n’est pas des nôtres? On va lui montrer ce que c’est le “bataillon de la goutte”… Les troupiers ne se doutent pas que leur nouveau commandant sera un jour général de l’armée suisse. Le major Henri Guisan non plus. Pour l’instant, il n’a qu’un objectif: aguerrir ses soldats. Bataillon de la Goutte? Vous allez voir ça… La discipline d’abord, et la tenue. Sous l’accablante chaleur, le chef fait boucler les vareuses et serrer les ceinturons, interdit les mouchoirs autour du cou ruisselant de sueur. Punis, les soldats qui dorment en godillos, qui se lavent les pieds dans les fontaines, ceux qui boivent l’eau dans les gouilles, ceux qui rentrent en état d’ivresse. Une main de fer, qui fait du bataillon 24 une troupe de valeur tout au long de la garde aux frontières. Après la guerre 1914/1918, le lieutenant-colonel Henri Guisan commande le régiment d’infanterie 9, celui du Jura. Lorsqu’il quitte les troupes jurassiennes, le 14 juin 1920, il leur adresse une proclamation: “C’est le cœur lourd que je vous quitte, j’ai apprécié les qualités militaires du soldat jurassien, son patriotisme et son esprit de solidarité”. Le 30 août 1939, quand l’Assemblée fédérale l’élit au grade de général et chef de l’armée, les anciens du bataillon de la goutte et du régiment jurassien disent: “Guisan? On a fait du service ensemble)… (source Denis Moine, Au fil du temps QJ 13 juin 1994)