Ce chant populaire romand – paroles et musique d’Henri-Frédéric Amiel – fut écrit le 13 janvier 1857 et voici à quel propos:
Les partisans du roi de Prusse, dans le canton de Neuchâtel, tentèrent un coup d’Etat les premiers jours de septembre 1856. Ce soulèvement ne réussit pas, mais les Républicains firent de nombreux prisonniers, dont l’ambassadeur de Prusse, soutenu par les ambassadeurs d’autres puissances. Le Conseil fédéral s’adressa alors directement au cabinet de Berlin qui, pour toute réponse, rappela son ambassadeur et mobilisa 300’000 hommes.
La Suisse se prépara. Les chambres fédérales et les cantons votèrent des crédits, seul le canton des Grisons arma 2000 carabiniers. Guillaume Henri Dufour fut nommé général en chef et une première levée de 30’000 hommes couvrit la frontière de Bâle à Romanshorn.
Le cas de Neuchâtel était devenu une affaire européenne car toutes les chancelleries s’en mêlèrent. Toutefois le 15 janvier 1857 cette procédure fut mise à néant et une conférence internationale mit fin à la souveraineté prussienne sur Neuchâtel qui renonça bel et bien à ses droits historiques. Guillaume-Henri Dufour put rendre son habit de général. (sources: Conteur Vaudois, journal de la Suisse romande, samedi 24 septembre 1892).
Un chant vibrant de patriotisme, Amiel en y mettant son âme, y a mis celle de la Suisse entière, et même au-delà de 1857. A la mobilisation de 1914 et celle de 1939, ce chant était encore et toujours au répertoire des écoles, des fanfares et des soldats.